Retravailler après un burn-out

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Coaching contre burn out

Le burn-out est défini comme un état durable d'épuisement physique et émotionnel, après un stress prolongé et intense au travail et après une exposition à des situations difficiles. L’OMS le définit en tant que « syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress chronique sur le lieu de travail qui n’a pas été correctement géré ».

Reste à comprendre ce qui vous a conduit à un tel épuisement, les signaux d'alerte que vous n'avez pas perçus, ce que vous ne voulez plus vivre professionnellement. L'enjeu est de vous reconstruire pour pouvoir reprendre sereinement le travail. 

N'appréhendez pas ce retour mais préparez-le. Voici quelques conseils pour pouvoir retravailler après un burn-out.

1. Analysez les origines de votre burn-out

Le burn-out est une épreuve difficile. Aussi est-il important de faire un travail sur soi et de comprendre le contexte professionnel, souvent délétère.

Prenez conscience de votre situation

  • Acceptez qu'un événement important se soit produit : c'est un véritable signal d'alerte, et votre rapport au travail sera dorénavant différent.
  • Si vous êtes en arrêt de travail, c'est que le burn-out s'est déclaré ; écoutez-le, comprenez son origine, saisissez-le comme une chance, bien qu'éprouvante, de réfléchir et d'orienter votre vie professionnelle.
  • Si vous ne le faites pas et recommencez à travailler sans vous être interrogé, vous risquez la rechute.

Bon à savoir : il y a des burn-out qui ne se déclarent jamais et demeurent insidieusement dans la personne, l'usant petit à petit.

Comprendre le stress au travail Lire l'article

Analysez le contexte et votre rapport au travail

Vous avez fait le premier pas en acceptant d'être arrêté. Profitez-en, avant de recommencer à travailler, pour vous questionner sur les motifs de ce burn-out. Essayez de remonter dans le temps, pour repérer à partir de quand le stress a commencé à croître jusqu'à virer au burn-out.

Bon à savoir : en moyenne, les arrêts pour burn-out sont d'une durée de 6 à 18 mois.

  • Avez-vous vécu des changements dans votre poste et dans votre environnement de travail :
    • pression des objectifs à tenir ;
    • réduction des délais ;
    • augmentation des rythmes de la production ;
    • nouvelle technologie ;
    • changement de procédures de travail...
  • Avez-vous vécu des changements dans votre rapport au travail :
    • démotivation ;
    • dépassement des horaires ;
    • crainte de ne pas atteindre les objectifs ;
    • course au surpassement des objectifs ;
    • sentiment d'incompétence ;
    • acharnement au travail…
  • Avez-vous vécu des changements dans vos relations interpersonnelles au travail :
    • nouveaux collègues ;
    • perte du travail collectif ;
    • isolement, tension ;
    • pression ;
    • exigences des clients ;
    • enlisement dans une mésentente avec un collègue…
  • Repérez les situations extrêmes de stress, « lieux et moments d'usure » :
    • réunions ;
    • sonnerie du téléphone ;
    • présence constante de l'employeur ;
    • collègue qui transmet le travail en retard ;
    • délais difficiles à tenir ;
    • routine…
  • Repérez l'événement déclencheur de l'augmentation du stress vers le burn-out :
    • départ à la retraite ;
    • arrivée d'un nouveau collègue arrogant ;
    • projet personnel de gravir des échelons ;
    • sous-traitance d'une partie de votre travail et, de là, perte de son sens ;
    • augmentation de votre charge de travail…

2. Redessinez votre rapport au travail

N'imaginez pas reprendre votre travail tel que vous l'avez quitté : le repos ne suffit pas. Le burn-out a été causé par votre activité professionnelle et il ne concerne que votre activité professionnelle, voire parfois uniquement un type de tâche ou une seule situation.

Si rien ne change dans votre perception et vos attentes au sujet de votre rapport au travail et dans votre environnement professionnel, vous allez droit à la rechute. C'est le moment de faire le point, de redessiner votre rapport au travail :

  • Commencez par tracer un tableau de 6 colonnes.
  • Remplissez-le ensuite en mentionnant :
    • dans la 1re colonne, l'ensemble de vos activités et tâches ;
    • dans la 2e, les contextes dans lesquelles vous les exerciez, avec qui, pour qui, en présence de qui.
  • Dans la 3e colonne, reprenez les éléments que vous avez recueillis lors de l'analyse du contexte et de votre rapport au travail, et surlignez-les dès que vous les avez notés dans le tableau.
  • Dans les 3 dernières colonnes, redonnez un cadre à votre poste :
    • ce que vous ne voulez pas conserver, ce que vous voulez abandonner ;
    • ce que vous voulez conserver ;
    • ce que vous voulez conserver en le modifiant.

Important : si remplir ce tableau vous est trop douloureux, arrêtez ; vous le reprendrez en consultation avec l'aide du psychologue de la souffrance au travail.

Ce tableau va vous servir :

  • pour entreprendre et avancer dans votre démarche thérapeutique ;
  • pour informer le médecin du travail et faire la démarche de reconnaissance de votre burn-out comme maladie professionnelle ;
  • pour parler avec votre supérieur lorsque vous reviendrez dans l'entreprise.

À noter : depuis le 1er janvier 2021, les entreprises d’au moins 10 salariés qui relèvent du régime général doivent, sous peine de pénalités, notifier de manière dématérialisée le taux des accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP) – décret n° 2020-1232 du 8 octobre 2020).

3. Faites-vous accompagner avant de retravailler après un burn-out

La prise de recul est difficile à faire seul, douloureuse, l'objectivité compliquée à atteindre, la perception de la situation perturbée ou faussée par la culpabilité ou la rancœur, l'anxiété… Il est important d'avoir le soutien d'un thérapeute et de se faire accompagner.

Trouvez le thérapeute adapté

Il n'est pas nécessaire, dans un premier temps, voire pas du tout parfois, d'aller creuser dans la petite enfance pour expliquer votre relation conflictuelle avec votre chef. L'analyse doit être centrée sur le travail.

Trop souvent, par méconnaissance du salarié, du médecin et de l'employeur, le burn-out n'est pas reconnu.

  • Un médecin risque de vous traiter pour dépression – or, même si les symptômes se ressemblent, le burn-out est différent.

Important : faire la différence entre dépression et burn-out est indispensable ; le diagnostic doit être juste, sinon vous risquez d'être enfermé dans une perception erronée de vos symptômes.

  • N'hésitez pas à faire part de vos problèmes de travail au médecin, car poser un diagnostic de burn-out n'est pas simple ; demandez-lui de vous orienter vers un accompagnement spécialisé.

Bon à savoir : il existe des alternatives aux antidépresseurs en cas de burn-out.

  • Consultez un psychologue formé à la souffrance au travail : renseignez-vous auprès du médecin du travail, de votre médecin traitant. Vous trouverez les coordonnées de spécialistes sur le site : www.souffrance-et-travail.com
  • Consultez et informez régulièrement le médecin du travail afin qu'il y ait des traces de votre burn-out au niveau professionnel. De plus, il pourra vous conseiller au sujet de votre reprise et intervenir auprès de votre employeur.
Psychologie du travail Lire l'article

Sachez qu'il n'est jamais trop tard pour se faire accompagner

Même si vous êtes en arrêt depuis plusieurs mois, vous pouvez commencer un accompagnement : il n'est pas trop tard. L'important est que vous parveniez à démêler les fils qui vous ont mené à ce burn-out.

Faire ce travail avec un professionnel vous aidera à ne pas retomber dans la même situation délétère lorsque vous reprendrez le travail.

4. Faites reconnaître votre arrêt comme maladie professionnelle

La reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle permet d'augmenter les droits des salariés et de faire participer financièrement les employeurs par le biais des cotisations AT-MP (accidents du travail-maladie professionnelle).

Cependant, le burn-out n'est pas dans le tableau des maladies professionnelles de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). C'est donc à vous de faire les démarches nécessaires afin de faire reconnaître le vôtre comme maladie professionnelle.

Dans les 15 jours suivant votre arrêt de travail (ou lors d'un renouvellement de l'arrêt), envoyez à la caisse de votre secteur les pièces suivantes.

  • Votre déclaration : remplissez pour cela le formulaire « Déclaration de maladie professionnelle ou demande motivée de reconnaissance de maladie professionnelle ».
  • Un 1er certificat médical, qui indique la nature de votre maladie (le burn-out, les manifestations constatées de la maladie, le lien avec le travail et les suites probables).
  • Un 2e certificat médical, qui constate la guérison ou la consolidation de votre état de santé, ou indique les conséquences définitives de votre maladie.

Le dossier sera ensuite étudié. Grâce au décret n° 2016-756 du 7 juin 2016, la reconnaissance du burn-out en maladie professionnelle a été facilitée : expertise médicale renforcée, étude des dossiers par deux médecins au lieu de trois et modifications de la procédure d'instruction.

Bon à savoir : ces deux certificats médicaux vous sont délivrés par votre médecin traitant ou le médecin du travail et remis en 3 exemplaires.

5. Retournez sereinement au travail

Le burn-out vous a conduit à vous écouter plus, à prendre du recul par rapport à votre vie professionnelle, à prendre soin de vous. Vous savez maintenant ce que le travail peut provoquer. Avant de retourner dans l'entreprise :

  • Consultez le médecin du travail dans le cadre d’une visite de pré-reprise (possible en cas d'arrêt de plus de 30 jours) pour déterminer avec lui les points de vigilance à respecter impérativement. Désormais, les visites et examens réalisés peuvent être effectués à distance, par vidéotransmission, par les professionnels de santé concernés (décret n°2022-679 du 26 avril 2022). Désormais, les visites et examens réalisés peuvent être effectués à distance, par vidéotransmission, par les professionnels de santé concernés (décret n° 2022-679 du 26 avril 2022). 
  • Demandez un entretien à votre employeur : si vous n'abordez pas le sujet de votre burn-out avec lui, rien ne changera.

Important : ne vous mettez pas en situation de risque en n'osant pas parler avec lui.

Préparez votre entretien de retour

Pour cela, reprenez le tableau que vous avez complété seul ou avec votre accompagnateur, où vous recensez les différentes tâches que vous voulez abandonner et celles que vous souhaitez conserver en les modifiant éventuellement.

Bon à savoir : le médecin du travail peut vous conseiller et également intervenir auprès de votre employeur ; c'est son rôle.

  • Expliquez ce que vous avez ressenti, donnez les éléments de compréhension des facteurs déclencheurs.
  • Montrez comment vous vous sentez aujourd'hui que vous êtes sorti du burn-out.
  • Appuyez-vous sur le certificat médical pour expliquer pourquoi, si aucune action d'adaptation ou de recadrage du poste n'est menée, il peut y avoir des risques de rechute, même si aujourd'hui votre état ne le laisse pas supposer.
  • Le médecin du travail peut recommander des aménagements ou adaptations du poste de travail.

Lorsque votre employeur refuse cet entretien

Si votre employeur refuse toute discussion, c'est peut-être parce qu'il n'a pas compris ce qui s'est passé et qu'il ignore le lien avec le travail et sa responsabilité dans votre état de santé au regard du droit du travail : consultez le médecin du travail, il peut servir de médiateur dans la recherche de solutions.

Si le climat est vraiment délétère et le dialogue fermé, consultez les représentants du personnel de votre entreprise et l'inspection du travail. Les responsabilités doivent être reconnues.

À noter : les juges admettent le caractère injustifié d’un licenciement pour insuffisance professionnelle lorsqu'un salarié est licencié très peu de temps après avoir informé son employeur de difficultés de santé liées à ses conditions de travail (burn-out). En effet, le salarié est présumé être victime de discrimination en raison de ce licenciement, sauf si l’employeur peut prouver que sa décision est justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination (Cass. soc., 5 février 2020, n° 18-22.399).

6. Envisagez une reconversion après un burn-out

Le burn-out est une manière de redessiner un rapport au travail. Il apparaît comme un signal de nécessité ou de souhait de changer professionnellement.

Pendant votre arrêt de travail, sous réserve d'un avis médical favorable, vous pouvez bénéficier :

  • d'une action d'accompagnement sur 1 à 4 mois : aide à l'élaboration d'un nouveau projet professionnel pour vous permettre d'exercer un autre métier au sein de votre entreprise actuelle ou dans une autre ;
  • d'un bilan de compétences ;
  • d' une formation diplômante facilitant l'accès à un nouvel emploi.

Prenez contact avec le service social de votre Caisse primaire d'assurance maladie. N'hésitez pas à vous lancer, c'est le moment !

Bon à savoir : les pistes de reclassement ou de formation professionnelle peuvent être discutées avec le médecin du travail.

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