Reprise du travail

Sommaire

Contrat de travail et CDD

Après un arrêt de travail pour maladie, accident professionnel ou autre, le salarié est tenu de reprendre son travail.

Cette reprise de travail s'effectue sous certaines conditions. Quelles sont les obligations de l’employeur et du salarié lors de cette reprise ? Quel est le rôle du médecin du travail ? Le point dans cet article.

Reprise du travail : quel est le rôle de la visite de pré-reprise ?

Durant l’arrêt de travail, le salarié, son médecin traitant ou le médecin-conseil de l'Assurance Maladie (avec l’accord du salarié), peut demander au médecin du travail qu'une visite de pré-reprise soit organisée. 

La visite de pré-reprise permet de prévoir des mesures d'adaptation du poste et du temps de travail. Son organisation est facultative.

Attention : la visite de pré-reprise est différente de la visite de reprise. La visite de pré-reprise est organisée pendant l'arrêt de travail du salarié, alors que la visite de reprise est effectuée après la reprise du travail au sein de l'entreprise.

Exemple : le salarié peut être autorisé à reprendre le travail à temps partiel pour motif thérapeutique (ce temps partiel est alors appelé mi-temps thérapeutique). Pour les victimes d’accident du travail et maladies professionnelles, depuis la loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la sécurité sociale pour 2020 (article 85), on parle de travail aménagé ou à temps partiel (dont le régime est aligné sur le régime du temps partiel thérapeutique). Jusqu'en 2019, un temps partiel thérapeutique devait faire suite à un arrêt de travail indemnisé à temps complet pour la même pathologie (sauf pour les salariés souffrant d’une affection de longue durée rendant impossible la poursuite de leur activité à temps complet). La loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 a supprimé cette obligation d’arrêt de travail à temps plein préalable. Depuis le 1er juin 2021, la condition d’arrêt de travail préalable a également été supprimée dans la fonction publique (ordonnance n° 2020-1447 du 25 novembre 2020). L’article 85 de la loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la sécurité sociale pour 2020 a abrogé le délai de carence de 3 jours pour le versement des indemnités journalières de sécurité sociale, pour les temps partiel thérapeutiques prescrits à compter du 1er janvier 2020.

La reprise à temps partiel est proposée :

  • si le médecin traitant estime que le salarié ne peut pas reprendre à temps plein, mais qu’une reprise partielle permettrait d’améliorer son état de santé ;
  • si le salarié doit faire l'objet d'une rééducation ou d'une réadaptation professionnelle pour retrouver un emploi compatible avec son état de santé.

Lors de cette visite de pré-reprise, le médecin du travail peut aussi proposer au salarié des formations professionnelles pour faciliter son reclassement ou sa réorientation professionnelle.

Reprise du travail : y a-t-il des formalités administratives ?

Dès que l’arrêt de travail se termine, le salarié doit reprendre son activité professionnelle :

  • Aucune formalité particulière n’est nécessaire auprès de l’employeur, ni auprès de l'Assurance Maladie.
  • Le versement des indemnités journalières est automatiquement stoppé.

Toutefois, si l’état de santé du salarié ne lui permet pas de reprendre son activité professionnelle, ce dernier doit consulter son médecin pour qu’une prolongation de l’arrêt de travail soit prescrite.

À l'inverse, le salarié peut reprendre le travail de façon anticipée. L'Assurance Maladie doit alors être informée afin de mettre fin au versement des indemnités journalières.

Depuis le 1er janvier 2017, lorsqu'il y a subrogation (c'est-à-dire lorsque l'employeur perçoit les indemnités journalières du salarié de la part de la Sécurité sociale pour les reverser ensuite au salarié), l'employeur est tenu d'informer par tout moyen sa caisse d'assurance maladie de la reprise anticipée du travail par le salarié.

Afin d'assurer un meilleur suivi médical des travailleurs, l'article 15 de la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 prévoit que l’accès à l'espace numérique de santé est ouvert au médecin du travail qui peut l’alimenter, via un volet relatif à la santé au travail (article L. 1111-17 du Code de la santé publique). De plus, suite au décret n° 2022-1434 du 15 novembre 2022 relatif au dossier médical en santé au travail, l’alimentation et la consultation du dossier médical peuvent être réalisées par le médecin du travail, le collaborateur médecin, l’interne en médecine du travail, l’infirmier, l’intervenant en prévention des risques professionnels et l’assistant de service de prévention et de santé au travail, sur délégation du médecin du travail et sous sa responsabilité.

Visite médicale de reprise du travail : quand est-elle obligatoire ?

À noter : les visites et examens réalisés peuvent être effectués à distance, par vidéotransmission, par les professionnels de santé concernés (décret n° 2022-679 du 26 avril 2022). 

Pour les arrêts de travail de 30 jours au moins

Il est obligatoire d’organiser une visite médicale de reprise après un arrêt de 30 jours en accident du travail ou maladie ordinaire :

  • Avant cela, l’arrêt d’une durée de 8 jours en accident du travail, ou d’une durée de 21 jours en maladie ordinaire, nécessitaient déjà une visite médicale de reprise.
  • De même, la visite de reprise n'est plus obligatoire après des absences répétées pour raisons de santé.

En revanche, une visite médicale de reprise est aujourd'hui obligatoire après un arrêt pour maladie professionnelle et un congé maternité, quel que soit la durée de l’arrêt (article R. 4624-22 du Code du travail).

En cas de maladie ou d'accident non professionnel, la visite de reprise est obligatoire pour les arrêts de travail d'au moins 60 jours.

Visite de reprise, dans les 8 jours qui suivent la reprise

La visite de reprise ne peut pas se dérouler quand le salarié est en arrêt de travail :

  • Cette visite doit se dérouler au moment de la reprise du travail, ou au plus tard dans les 8 jours qui la suivent.
  • Toutefois, il est préférable de ne pas laisser le salarié reprendre le travail avant d'avoir convenu d'une date pour cette visite.

À noter : si l'employeur n'organise pas la visite de reprise, le contrat de travail demeure suspendu. Cette suspension dure tant que la visite de reprise n'a pas été effectuée. Par conséquent, l'employeur ne peut pas sanctionner le salarié (licenciement pour absence injustifiée par exemple) qui ne se présente pas à son poste de travail (Cass. soc., 13 février 2019, n° 17-17.492).

La visite a lieu durant les heures de travail :

  • Ce temps est alors normalement rémunéré.
  • Toutefois, si la visite médicale ne peut avoir lieu durant les heures de travail (par exemple, si le salarié travaille la nuit), le temps nécessaire aux examens médicaux est rémunéré comme du temps de travail normal.

Convoquer le salarié à une visite de reprise

Dès que le salarié est de retour dans l’entreprise, l’employeur doit contacter le service de santé au travail pour fixer un rendez-vous :

  • C’est l’employeur qui convoque le salarié, pas le médecin du travail. Aucune forme particulière n’est imposée pour convoquer le salarié (convocation orale ou écrite, mail, téléphone, etc.).
  • Si le salarié n’est pas convoqué à la visite de reprise, ce dernier peut alors lui-même solliciter cette visite auprès de l’employeur ou auprès du médecin du travail.

Les juges considèrent que si l’employeur ne respecte pas ses obligations en matière de visite de reprise, le salarié subit alors un préjudice pouvant donner lieu au versement de dommages-intérêts (Cass. soc., 15 octobre 2014, n° 13-14.969).

À l'inverse, le salarié qui refuse de passer la visite de reprise peut être sanctionné par un licenciement pour faute grave.

Bon à savoir : un salarié qui n’adresse pas de justificatifs de son absence, ni ne manifeste son intention de reprendre le travail, ne peut reprocher à son employeur de ne pas avoir organisé une visite de reprise. Par ailleurs, son absence injustifiée constitue une faute grave qui justifie son licenciement (Cass. soc., 13 janvier 2021, n° 19-10.437).

Reprise du travail, sous quelles conditions ?

La visite de reprise permet au médecin du travail d’évaluer l'aptitude du salarié à reprendre le travail. Ainsi, le médecin du travail peut rendre :

  • un avis d'aptitude (le médecin considère que le salarié peut reprendre le travail) ;
  • un avis d'aptitude avec réserve, ce qui signifie que le médecin considère que le salarié peut reprendre le travail mais sous certaines conditions (par exemple, la mise en place d’un mi-temps thérapeutique, une adaptation du poste de travail, etc.).

Le médecin peut également rendre un avis d'inaptitude. Pour cela, il doit :

  • avoir procédé à au moins un examen médical de l'intéressé, accompagné, le cas échéant, des examens complémentaires ; 
  • avoir réalisé ou fait réaliser une étude de ce poste ;
  • avoir réalisé ou fait réaliser une étude des conditions de travail dans l'établissement ;
  • avoir indiqué la date à laquelle la fiche d'entreprise a été actualisée ; 
  • avoir procédé à un échange, par tout moyen, avec l'employeur. 

L'employeur a alors l’obligation de rechercher à reclasser le salarié dans l'entreprise. Cette obligation de reclassement disparaît si le médecin du travail a mentionné dans l'avis que tout maintien du salarié dans un emploi serait gravement préjudiciable à sa santé, ou que l'état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans un emploi.

À noter : depuis le 1er juillet 2012, l’avis rendu par le médecin du travail doit mentionner les voies et les délais de recours dans lesquels il est possible d’exercer une contestation.

Pour approfondir le sujet :

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