Contester un licenciement

Sommaire

Procédure prud'homale

Le droit du licenciement est strictement encadré. En cas de non-respect des dispositions applicables, le salarié peut, pour différentes raisons contester son licenciement. En cas de licenciement injustifié, irrégulier ou nul, il peut notamment se tourner vers :

Important : le salarié devra veiller à respecter le délai de prescription. L'ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail a voulu diminuer les délais de contestation suite à la rupture du contrat de travail. Désormais, « toute action portant sur la rupture du contrat de travail se prescrit par douze mois à compter de la notification de la rupture » (article L. 1471-1 du Code du travail, alinéa 2). Par exception, toute contestation portant sur un licenciement pour motif économique se prescrit par douze mois à compter de la dernière réunion du comité social et économique (article L. 1235-7 du Code du travail).

Bon à savoir : prévu par les ordonnances de 2017 sur le renforcement du dialogue social et la sécurisation des relations de travail, un Code du travail numérique a été instauré en janvier 2020. Ce service, proposé par le ministère du Travail, permet de faciliter l'accès au Code du travail avec des outils et ressources pour les salariés et employeurs : réponses personnalisées aux questions des usagers, calculs de droits, modèles de documents, articles du Code du travail et textes conventionnels, etc.

Contester un licenciement irrégulier, injustifié ou nul

La contestation d'un licenciement peut se baser sur 3 fondements différents, selon la nature des droits du salarié qui ont été bafoués. Ces fondements sont hiérarchisés de la faute la moins grave à la plus grave.

Licenciement irrégulier

L'employeur a commis – sciemment ou non – une erreur de procédure. Cette erreur peut fonder une contestation du licenciement par le salarié.

Il peut s'agir du non-respect des formes ou des délais de :

Bon à savoir : par principe, un entretien préalable au licenciement doit se tenir en présence physique des parties. En revanche, il peut se dérouler par téléconférence si l’éloignement géographique des parties l’oblige, dès lors que les droits du salarié sont respectés et qu’il est en mesure de se défendre utilement (CA Versailles, 4 juin 2020, n° 17/04940).

Bon à savoir : l'obligation de reclassement qui pèse sur l'employeur préalablement à un licenciement pour motif économique ne s'étend pas, sauf disposition conventionnelle le prévoyant, à d'autres entreprises qui ne relèvent pas d'un même groupe (Cass. soc., 8 janvier 2020, n° 18-14.373).

À noter : une transaction consécutive à un licenciement est valable uniquement si elle est signée après la notification de son licenciement au salarié par lettre recommandée avec avis de réception. Si la notification du licenciement est effectuée par lettre remise en main propre, aucune transaction ultérieure ne peut être valable (Cass. soc., 12 février 2020, n° 18-19.149).

Licenciement injustifié

Le licenciement sans cause ou fondé sur une fausse cause est un licenciement injustifié : le salarié concerné peut le contester.

Licenciement sans cause réelle et sérieuse : il s'agit du licenciement qui n'est fondé ni sur un motif personnel, ni sur un motif économique tels que définis par la loi.

Exemple 1 : la Cour de cassation a jugé sans cause réelle et sérieuse, un licenciement qui a été notifié au salarié par une personne extérieure à l'entreprise (comptable, expert-comptable), alors que la notification du licenciement peut être signée uniquement par l'employeur ou un membre du personnel qui a reçu un mandat à cet effet (Cass. soc., 26 avril 2017, n° 15-25.204).

Exemple 2 : si le salarié ne reçoit pas la notification de licenciement en raison d'une erreur dans l'adresse inscrite sur le formulaire d'accusé de réception, le licenciement pourra être jugé sans cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 24 mai 2018, n° 17-16.362).

Exemple 3 : le licenciement d'un salarié annoncé publiquement par l’employeur lors d’une réunion du personnel, alors que l’entretien préalable au licenciement n’a pas encore eu lieu, est considéré comme verbal et donc dépourvu de cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 23 octobre 2019, n° 17-28.800).

Le licenciement est fondé sur une fausse cause lorsque les motifs invoqués par l'employeur dans la lettre de licenciement ne sont pas les motifs réels du licenciement.

Important : attention aux renouvellements abusifs de la période d’essai, la rupture de la période d'essai produit les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse dès lors que le renouvellement de celle-ci n’avait pas été justifié par la nécessité d’apprécier les compétences professionnelles du salarié mais résultait d’une politique de renouvellement automatique des périodes d’essai par l’employeur (Cass. soc., 27 juin 2018, n° 16-28.515).

Les articles R. 1232-13 et R.1233-2-2 du Code du travail (issus du décret n° 2017-1702 du 15 décembre 2017 pris en application de l'ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail) permettent au salarié de demander à l'employeur des précisions sur les motifs énoncés dans la lettre de licenciement. Cette demande doit être faite dans les quinze jours suivant la notification du licenciement, par lettre recommandée avec avis de réception ou remise contre récépissé. L'employeur dispose ensuite d'un délai de quinze jours après la réception de cette demande pour apporter des précisions s'il le souhaite.

Licenciement nul

Le licenciement peut être frappé de nullité en cas de non-respect de dispositions légales particulièrement protectrices. Il s'agit notamment du :

Exemple : un employeur ne peut pas licencier un salarié au motif qu'il juge son attitude arrogante. En effet, le salarié jouit, dans l'entreprise et en dehors de celle-ci, de sa liberté d'expression. Par conséquent, pour justifier le licenciement, l'employeur doit apporter la preuve que les propos du salarié comportaient des termes injurieux, diffamatoires ou excessifs (Cass. soc., 15 janvier 2020, n° 18-14.177).

  • licenciement d'un salarié bénéficiant d'une protection particulière : représentants du personnel, salariés victimes d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail, femmes enceintes, pères dans les 10 semaines qui suivent la naissance de l'enfant ;

À noter : depuis le 9 juillet 2023 (loi n° 2023-567 du 7 juillet 2023 visant à favoriser l'accompagnement psychologique des femmes victimes de fausse couche), les femmes bénéficient d’une protection supplémentaire contre le licenciement. En effet, depuis cette date, les femmes sont protégées contre le licenciement pendant les 10 semaines qui suivent une fausse couche dite « tardive » ayant eu lieu entre la 14e et la 21e semaine d’aménorrhée incluse.

Remarque : un salarié protégé doit informer son employeur qu'il détient un mandat lui permettant de profiter du statut protecteur, que ce mandat soit interne ou externe à l'entreprise (Cass. soc., 16 janvier 2019, n° 17-27.685).

À noter : l'absence d'autorisation de l'inspection du travail lors du licenciement d'un salarié protégé entraîne la nullité du licenciement. Le salarié est alors en droit de demander à être réintégré. Ce droit continue de courir même si la période de protection a cessé. En termes d'indemnisation, si le salarié demande sa réintégration pendant la période de protection, il peut prétendre à une indemnité égale à la rémunération qu'il aurait perçue de la date de son éviction à la date de sa réintégration (Cass. soc., 10 juillet 2019, n° 18-13.933).

Bon à savoir : lorsqu'un salarié demande la nullité de son licenciement en se fondant sur la concomitance de ce licenciement avec sa saisine du tribunal des prud'hommes contre son employeur (en demande de paiement d’heures supplémentaires et de primes par exemple), il lui appartient d’apporter la preuve du lien entre la saisine et le licenciement (Cass. soc., 9 octobre 2019, n° 17-24.773).

Contester un licenciement : 2 types de réparation du préjudice

Afin d'entériner le licenciement et de se protéger contre toute contestation ultérieure, l'employeur et le salarié peuvent conclure une transaction. Le non-respect des règles applicables au licenciement expose l'employeur à des sanctions. Pour cela, le salarié doit former un recours auprès du conseil de prud'hommes.

La réparation du préjudice subi par le salarié, du fait du non-respect par l'employeur du droit du licenciement, prend 2 formes :

  • indemnisation : les juges octroient au salarié une somme d'argent dont le montant est :
    • fonction du préjudice ;
    • déterminé légalement dans certaines hypothèses ;
    • pour les licenciements notifiés avant le 24 septembre 2017 : le conseil de prud'hommes peut se référer à un barème indicatif pour fixer le montant des indemnités versées par l'employeur. Ce barème prévoit un minimum d'un mois de salaire (moins d'un an de présence dans l'entreprise) et jusqu'à 21,5 mois de salaire (à partir de 43 ans de présence) ;
    • pour les licenciements notifiés à compter du 24 septembre 2017 : le montant des indemnités est fixé selon un barème avec des montants minimaux et maximaux fixés par l'article L. 1235-3 du Code du travail. Suite aux réserves de plusieurs Conseils de prud’hommes ayant refusé d’appliquer ce barème, la Cour de cassation s’est prononcée le 17 juillet 2019 (avis n° 15012 et 15013) sur la conventionnalité dudit barème, tant au regard de l’article 10 de la Convention n° 158 de l’OIT que de l’article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l’homme. La chambre sociale de la Cour de cassation a confirmé cet avis (Cass. soc., 11 mai 2022, n° 21-14.490). 

À noter : un salarié peut demander au conseil de prud'hommes le versement d'une indemnité complémentaire si les circonstances, dans lesquelles le licenciement injustifié est intervenu, sont de nature à lui avoir causé un préjudice distinct de celui provoqué par la perte de son emploi. Cette indemnité spécifique est cumulable avec une éventuelle indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (CA Bastia, 8 novembre 2017, n° 16/00284).

  • réintégration : en plus, les juges offrent, dans certains cas, la possibilité au salarié d'opter d'une indemnisation partielle pour sa réintégration au sein de l'entreprise.

Bon à savoir : en cas de réintégration, le salarié doit rendre à l'employeur l'indemnité légale de licenciement.

À noter : le licenciement d'une salariée en raison de son état de grossesse est nul. Si la salariée demande sa réintégration après prononciation de la nullité de son licenciement, elle bénéficie d'une indemnité égale au montant de la rémunération qu'elle aurait dû percevoir entre la date de son éviction de l'entreprise et celle de sa réintégration, sans déduction des revenus de remplacement dont elle a éventuellement pu bénéficier au cours de cette période (Cass. soc., 29 janvier 2020, n° 18-21.862).

Contester un licenciement : conciliation

En cas de litige et afin de mettre fin au contentieux, employeur et salarié peuvent décider d'y mettre un terme par accord lequel prévoit le versement par l'employeur au salarié d'une indemnité forfaitaire dont le montant est déterminé, sans préjudice des indemnités légales, conventionnelles ou contractuelles, en référence à un barème fixé en fonction de l'ancienneté du salarié (article L. 1235-1 du Code du travail).

Le montant de cette indemnité peut aller de 2 à 24 mois de salaire en fonction de l'ancienneté du salarié (article D. 1235-21 du Code du travail) :

  • 2 mois de salaire pour une ancienneté inférieure à 1 an ;
  • 3 mois de salaire pour une ancienneté au moins égale à 1 an, auquel s'ajoute 1 mois de salaire supplémentaire par année supplémentaire jusqu'à 8 ans d'ancienneté ;
  • 10 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 8 et 12 ans ;
  • 12 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 12 et 15 ans ;
  • 14 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 15 et 19 ans ;
  • 16 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 19 et 23 ans ;
  • 18 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 23 et 26 ans ;
  • 20 mois de salaire pour une ancienneté comprise entre 26 et 30 ans;
  • 24 mois de salaire pour une ancienneté au moins égale à 30 ans.

Bon à savoir : un simulateur mis en ligne par service-public.fr vous permet d’évaluer le montant des dommages et intérêts susceptibles d'être fixés par le juge prud'homal en cas de licenciement abusif, c'est-à-dire sans cause réelle et sérieuse.

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